Rencontre avec la directrice de la collection Black Moon : Du jeune adulte mais pas seulement du fantastique

 

Sur booknode, 2010 c’est l’année du fantastique, et vous l’avez tous remarqué. La bit-lit est dans toutes les bouches, et la plupart d’entre vous vous êtes laissé tenter. J’ai voulu essayer d’analyser un peu plus loin le phénomène, et voir si cette tendance allait continuer et c’est naturellement vers le web que je me suis tourné.


En cherchant à trouver les éléments déclencheurs de cette nouvelle tendance vieille de 2-3 ans, je suis tombé sur des documents datant de 2007, qui laissaient présager un vrai boum du genre (même s’il est plus facile de dire que c’était prévisible maintenant qu’à l’époque).


Tome 1 de la saga TwilightJ’ai notamment trouvé des interviews d’une certaine Cécile Térouanne, qui nous racontait comment Twilight avait débarqué en France et qui parlait de la série, au fur et à mesure des sorties des différents tomes,et ce, bien avant la sortie des films. J’ai trouvé ces interviews très claires et objectives, et j’ai pu saisir en quoi Twilight était autre chose qu’une simple passion de filles.

Cécile Térouanne est directrice éditoriale chez Hachette (pour Black Moon et le Livre de Poche Jeunesse) et c’est entre autres grâce à elle que Twilight est arrivé en France. Son point de vue en tant que éditeur et acteur majeur dans la prise d’ampleur du phénomène m’a semblé très intéressant.

La plupart de ses interviews portaient essentiellement sur Twilight, et je me suis dit qu’il serait intéressant d’avoir son point de vue sur le boum du fantastique en général.

Je l’ai donc contactée et c’est de façon très accueillante qu’elle m’a proposé de venir lui poser mes questions dans son bureau, au siège parisien de Hachette Livre.

En arrivant j’ai découvert le hall d’accueil du bâtiment qui est tout simplement impressionnant, avec des livres des différentes maisons d’édition du groupe, et en entrant là dedans j’ai senti que j’étais dans un des endroits où le livre se fait en France.

J’ai été accueilli par une CT (Cécile Terouanne) très joviale et très ouverte aux questions, et après une présentation réciproque plus approfondie de nos différentes activités, on était prêts pour les questions.


J’avais préparé un certain nombre de questions sur la littérature fantastique et sur l’évolution de la littérature jeunesse mais celles-ci ont vite été dépassées par la richesse des premières réponses.

J’ai tout d’abord voulu savoir si ce boum du fantastique était à son avis générationnel, ou provoqué, et contre toute attente CT m’a dit que le phénomène était spontané et non « fabriqué », et vraiment générationnel. Pour preuve elle m’a donné l’exemple de Twilight même, qui, à sa sortie en 2005 a eu un succès relatif et qui n’a explosé qu’en 2008, mais avant la sortie du film. Ce qui était étonnant dans ses réponses c’est que pour elle, le phénomène qui a explosé n’est pas tant celui du fantastique que celui de la littérature jeune adulte (et ado).


Cette littérature, qui est déjà très présente dans les pays anglo-saxons, a révélé son public en France avec ce premier livre. Selon CT, Twilight a fédéré les jeunes adultes en ce qu’il se déroule dans un monde à la fois très quotidien et qui permet vraiment de s’évader, où les problématiques de la mort ou du passage à l’âge adulte sont transcendées par la relation amoureuse et la dimension « immortelle » de la figure du vampire. C’est d’ailleurs aussi grâce à ça que ces livres arrivent à toucher un public allant de 13-15 ans jusqu’à 35-40 ans, incluant donc même les mères de ces ados.


Le baiser de l'ange, Tome 2 d'Elizabeth ChandlerLe succès de cette littérature passe par des histoires aux émotions fortes et aux intrigues très bien ficelées ; ce sont ces éléments qui, bien plus que leur aspect fantastique, constituent les critères de sélection principaux des livres qui figurent dans la collection Black Moon. Le côté Bit-Lit restera une référence et majeur dans le catalogue, mais la plupart des grands spécialistes du genre étant à ce jour publiés par Black Moon ou par d’autres éditeurs, les nouveautés proposeront aussi d’autres genres. Ce n’est pourtant pas faute de recevoir des propositions : énormément de nouveaux auteurs s’essaient aux vampires, aux loups garous, aux anges, et arrivent chez Black Moon ! Mais ces propositions arrivent face à un marché déjà surchargé… où les valeurs les plus sûres sont souvent  des livres parus depuis plusieurs années aux Etats-Unis et enfin révélés en France.


Le fantastique n’étant pas un pré-requis, j’ai demandé si dans ce cas un Maxime Chattam ou un Stieg Larsson ne pourraient pas être édités chez Black Moon, et CT m’a répondu que si un auteur avec la qualité d’intrigue d’un Stieg Larsson apparaissait, il pourrait sans aucun doute trouver sa place dans la collection.


Tome 1 de Alex Rider par Anthony HorowitzOn a également abordé l’aspect très féminin du phénomène et le fait qu’une littérature avec autant d’action pourrait plaire également aux garçons. Le public masculin est très dur à capter, et selon CT s’il est possible de l’attirer plus jeune avec une série (comme Alex Rider ), c’est vraiment plus compliqué au-delà de 15 ans. Bien que Twilight et les autres livres de Black Moon aient aussi un public masculin, la proportion de garçons dans son lectorat ne va pas forcement grandir, et quoi qu’il en soit le choix des livres publiés se fait sur la qualité et non sur le sexe du lectorat visé.


Pour finir on a abordé le fait que cette littérature jeune adulte était essentiellement anglo-saxonne et je me demandais si des auteurs de pays plus exotiques ou peu connus (Inde, Asie) étaient susceptibles d’apparaître chez Black Moon. CT m’a dit qu’il n’est pas forcement facile de se procurer et négocier des manuscrits aussi « exotiques », mais qu’en revanche pas mal de manuscrits de pays européens tels que l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne ou les pays scandinaves sont lus, quelques uns sont déjà publiés et d’autres le seront dans les prochaines années.


17 Lunes qui sort chez Black Moon à la fin de l'annéeJe suis ressorti de cet entretien plein d’échanges avec une autre vision de ce que lisent les ados en ce moment, plus positive je dirais.


Je crois que si je croise un ado avec un 17 Lunes dans le mains je lui dirais de lire Flaubert en plus…pas à la place.

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3 thoughts on “Rencontre avec la directrice de la collection Black Moon : Du jeune adulte mais pas seulement du fantastique

  1. Moui, mais ça ne change rien à l’effet de mode, à la bêtise des fans, à la niaiserie des histoires, et à leur critères d’édition (à savoir « émotions fortes et aux intrigues très bien ficelées ».) En tout cas ils ne jugent pas sur l’originalité.
    Mais je vais bientôt avoir l’occasion de me faire mon avis sur le fond. D’ici là, je reste concis dans mes critiques.

  2. Tu es en tous cas très critique sur une collection de laquelle tu n’as jamais lu aucun livre. Pas très respectueux non plus pour les lecteurs.
    Si certains ne brillent pas par leur talent, toi tu ne brille pas pour ta tolérance, ce qui est dommage parce que la tolérance contrairement au talent, ça s’apprend.

  3. jaimerais savoir comment vous avez fait pour rencontrer la directrice de la collection black moon et aussi si elle est en France ou au Canada, comment avez vous fait pour la contacter??

    Merci de me repondre au plus vite car jaimerais la contacter.
    Cordialement, Olinna

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